
La présidente, Pr. Zoubida Charrouf Présidente de l’association Ibn El Baytar, a intervenu dans le cadre du séminaire dédié au développement des chaînes de valeur territoriales, avec une conférence intitulée : «Le Protocole de Nagoya au service de l’économie sociale et solidaire : pour des chaînes de valeur éthiques et inclusives».
Le Protocole de Nagoya encadre l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages (APA) découlant de leur utilisation.
Selon une étude du Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable, l’absence de ce cadre réglementaire engendre un manque à gagner estimé à plus de 350 millions de dirhams. Ces ressources non mobilisées pourraient pourtant être réinvesties dans des secteurs à fort impact, notamment :
• La promotion de l’économie sociale et solidaire,
• Le soutien aux coopératives locales,
• L’organisation de chaînes de valeur fondées sur les ressources génétiques et les savoirs traditionnels,
• La valorisation éthique des plantes médicinales et cosmétiques,
• Et la reconnaissance juridique et économique des connaissances traditionnelles des communautés locales.
Les principes de l’économie sociale et solidaire (ESS) rejoignent pleinement ceux du Protocole de Nagoya.
L’ESS repose sur la solidarité, la gouvernance participative, l’équité et l’ancrage territorial. Ces valeurs sont étroitement alignées avec les objectifs du protocole, notamment le partage équitable des bénéfices, l’implication des communautés locales, et la durabilité des pratiques. L’ESS apparaît ainsi comme un outil pertinent pour mettre en œuvre Nagoya sur le terrain, en plaçant l’humain et la communauté au centre des chaînes de valeur.
Concrètement, intégrer le Protocole de Nagoya dans les chaînes de valeur locales implique plusieurs actions : associer les communautés dès le début du processus via le consentement libre, préalable et éclairé (PIC), établir des accords de partage des avantages (MAT), renforcer les capacités locales (formation, structuration, accès au marché), et mettre en place des circuits éthiques, traçables et transparents. C’est l’approche adoptée par l’Association Ibn Al Baytar, qui accompagne des coopératives féminines dans plusieurs régions du Maroc (Souss Massa, Tafilalet, Marrakech Al Haouz) autour de filières locales comme l’arganier, le safran ou la rose de Jéricho, tout en respectant les savoirs traditionnels et en intégrant les femmes aux prises de décision.
Enfin, pour garantir la durabilité et le respect des droits, il est essentiel de valoriser les savoirs traditionnels sans les exploiter, de considérer les communautés locales comme des partenaires à part entière, et de favoriser des modèles de développement qui allient protection de la biodiversité et création de revenus équitables. En cela, le Protocole de Nagoya et l’économie sociale et solidaire offrent ensemble une voie d’avenir pour des chaînes de valeur à la fois éthiques, inclusives et durables.
PROTOCOLE DE Nagoya:
Il a été adopté en 2010 lors de la conférence des Parties sur la diversité biologique à Nagoya et il est entré en vigueur en 2014).
Le Maroc l’a signé en 2012 et la ratifié en 2022.